Les Champions : À partir du XVIe siècle, des compétitions sont organisées, de véritables joueurs professionnels apparaissent, la littérature échiquéenne devient prolifique. Les Européens peuvent enfin tenir tête aux champions musulmans. Reflétant ces mutations, les pièces se transforment également. Elles deviennent plus maniables, plus fines, plus hautes, ce qui permet de diminuer la taille des échiquiers. Si les règles ne changent plus, le jeu continue d'évoluer tactiquement. Au début du XVIIIe siècle, les joueurs ne pensent qu'à gagner par échec et mat ; les parties sont alors très agressives et passionnantes. C'est en vainquant le champion de l'époque devant Louis XV à Versailles que PHILIDOR (1726-1795) – alors âgé de 10 ans ! – entre dans l'histoire des Échecs. Son Analyse des Échecs révolutionne le déroulement tactique des parties : les Pions acquièrent sur l'échiquier une importance stratégique considérable. Pour le champion français, « les Pions sont l'âme de ce jeu. » Vers 1740, le café de la Régence à Paris est le théâtre des plus belles parties d'Échecs où PHILIDOR croise DIDEROT. Pendant la révolution, ROBESPIERRE ou Camille DESMOULINS viennent y jouer. L'activité échiquéenne du café de la Régence ne s'arrêtera que vers 1920.
Au début du XIXe siècle, l'univers des Échecs est structuré, doté de ses écoles et de ses champions auxquels sont dédiés traités, chroniques et revues. L'ère de la compétition s'ouvre en 1851 avec un premier tournoi international organisé à Londres. Souvent bien dotés, ces tournois confrontent les champions américains, comme Paul MORPHY (1837-1884), aux meilleurs Européens. Les maîtres gagnent encore en prestige et font la une des quotidiens. Le premier championnat du monde officiel est organisé en 1886 aux États-Unis. L'autrichien Wilhlem STEINITZ (1836- 1900) est sacré champion du monde. En 1894, il cède son titre à l'Allemand Emmanuel LASKER (1868-1941) qui le conservera vingt-sept ans !